
Pour la Saint-Valentin cette année, j’ai décidé d’écrire des lettres d’amour. Elles seront peut-être lues, ou pas. Je ne sais pas encore si je les conserve, les brûle, les éparpille dans la ville ou les expédie par la poste. Elles se destinent à mes amies et à ma famille. À mon passé et à mon futur. À la lune, aux fleurs, montagnes. À des inconnu.es et à des morts. À celle en moi qui pense manquer d’amour.
Cher
Ma bien-aimée
Mon amour
Ma douce moitié
Jusqu’à très récemment, la Saint-Valentin représentait pour moi ce que le vendredi 13 est probablement pour d’autres. Une journée que j’anticipais avec horreur. Les chocolats sur les étalages semblaient me guetter et se moquer de ma solitude. Dans mes courriels, je voyais apparaître des mots devant être immédiatement écartés de mon champ de conscience.
Singles Appreciation Day. Galentines. Still need a Valentine’s Day gift?
It’s not Valentine’s day without chocolate.
En écrivant mes lettres, j’ai pris conscience des différentes formes d’amour qui étaient présentes dans ma vie. Les émotions sont, pour la plupart du temps, intangibles, mais lorsqu’elles se lient à des fêtes dominées par le capitalisme, elles se réduisent à l’acte d’acheter. L’amour s’illustre donc à travers une sorte de performance. Ma solitude ressentie ne s’expliquait pas par un manque d’amour, mais plutôt par une hiérarchisation et une capitalisation de celui-ci.
Pour confronter ma peur de cette fête, j’ai passé la journée seule. Je prends rarement le temps d’honorer la relation que j’entretiens avec moi-même. De prendre soin d’elle, en lui accordant la même attention que toutes les autres. Et en réalité, bien que je fusse physiquement seule, je ressentais, à travers mes lettres, l’amour qui m’accompagne en tout temps.
La Saint-Valentin est maintenant passée et les chocolats sont en rabais. Je croque dans un cœur et je me demande où se cache l’amour le reste de l’année.