J’écris pour emprisonner le temps dans mes mots.
Un jour, je vais réussir à courir, à m’échapper du statisme, à m’échapper de la vie, de mon identité, de la question : “qui es-tu”. Vite. Vite. Vite. Je veux courir et ne jamais m’arrêter.
Je n’ai plus peur de la solitude au sens littéral, peut-être que j’ai seulement peur du sentiment.
Pendant que le chaos persiste en moi, un faux sourire et une apparence paisible suffisent pour plaire à mon entourage.
J’ai envie de faire tout ce qui peut me permettre de ressentir quelque chose, tout ce qui peut me permettre de vivre quelque chose. L’autre jour, j’ai sauté dans ma piscine très froide, avec l’espoir…l’espoir de quoi ? Je ne sais pas trop. L’espoir de sortir hors de moi-même, l’espoir de ressentir quelque chose d’intense, de différent. L’espoir que le froid allait me réveiller.
Les mots ne veulent rien dire. “Sarine”, c’est qui? Un nom qui m’a été attribué. Mais je ne suis pas un nom. Alors, je suis qui ? Je suis quoi?
Il est futile de se décrire en mots. Pourquoi ne pas se décrire à travers ses vêtements, à travers des couleurs, des chansons, la musique, des livres, des dessins, des poèmes ?
J’ai l’impression que dans notre société actuelle, les émotions sont mal vues, synonyme de faiblesse, une forme de prison. Les émotions font peur. Mais je crois que la vraie prison est le fait de ne pas se laisser aller dans ses émotions, de se contraindre.
Un observateur peut seulement voir ce qu’on veut lui montrer. Afin de réellement entrer dans le monde des autres, il faut s’ouvrir aussi.
J’ai hâte de partir. De prendre une pause de ma vie à Montréal. D’exister dans un lieu nouveau, dans des pensées nouvelles. J’ai peur de ne plus vouloir revenir.
Chaque seconde, je suis une personne nouvelle, modelée par mon passé. Mon passé n’est jamais perdu, il vit à travers mes actions, mes comportements et mes attitudes présents. Il est impossible de se débarrasser de son passé, sans quoi je ne serais pas la personne que je suis en ce moment.
Comment pouvons-nous affirmer que nous sommes libres si la moindre déviance de cette vie conformiste nous fait souffrir ?
Même si je suis ma propre prison, je crois aussi que je suis ma seule issue.
Je suis un paradoxe. Je suis une contradiction. Arrêtons de cacher nos contradictions et nos différences. Je peux tout être en même temps.
Au sein d’une même personne, on peut retrouver plusieurs personnes différentes.
Je ne veux plus fuir ma personne. Partout où j’irais, elle sera là avec moi. Je n’ai plus peur de mon existence, de ma personne, de la place que j’occupe dans cette vie et dans la vie des autres. Je ne veux plus m’effacer. Je suis moi, moi que je ne peux toujours pas décrire en mots, mais moi que j’apprends à apprécier et à aimer.
Je suis de retour, et je ne veux plus partir.